GPS : une boussole pour les PME
Avec la Gestion des Perspectives Sociales (GPS), les petites entreprises disposent d’un outil et d’un référentiel abordables pour mesurer la perception qu’ont les salariés de leurs conditions de travail . Outil testé par SECMA, entreprise de BTP, auprès de ses 40 collaborateurs.
GPS : un sigle facilement mémorisable – la résonance avec la technique bien connue de géolocalisation n’est pas anodine – pour désigner de dispositif de mesure de satisfaction professionnelle défini et animé par l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (ARACT) Aquitaine. GPS, pour “Gestion des Perspectives Sociales”. Finalité : mesurer le degré de satisfaction des salariés concernant l’entreprise, le travail, le relationnel et les perspectives individuelles. La GPS repose sur deux outils complémentaires : un baromètre, pour évualuer, et une base de données, qui compile l’ensemble des données recueillies au fil des applications et offre un référentiel permettant à chaque entreprise de projeter ses propres résultats sur une moyenne globale et de se positionner au regard d’un certain nombre d’indicateurs spécifiques.
Le baromètre est articulé autour d’un questionnaire validé, disponible et immédiatement opérationnel. L’outil va apporter des informations sur les attentes des salariés, par exemple en termes d’évolution des carrières et de perspectives d’évolution. Il s’agit entre autres de se donner les moyens de prévenir les conflits et la dégradation du climat social dans l’entreprise, de circonscrire rapidement les priorités, d’aider à la décision pour créer un contexte apaisé de dialogue social.
1 500 euros, plus 9 euros par salarié
Concrètement, comment ça marche ? L’entreprise doit mettre en place un comité de pilotage de quatre à douze personnes représentant la direction et les salariés. Sa mission: communiquer auprès des salariés, distribuer les questionnaires et les enveloppes T, impulser les retours vers l’ARACT, analyser et restituer aux salariés les résultats du baromètre.
Combien ça coûte ? Hors cofinancement possible des pouvoirs publics, le coût maximum moyen de la mesure barométrique s’élève pour l’entreprise à 1 500 €, forfait auquel il faut ajouter 9 € par salarié.
Exemple d’application, auprès d’une entreprise de BTP employant une quarantaine de personnes. Créée en 1972, implantée à Bordeaux, SECMA est une PME indépendante spécialisée dans la construction, la rénovation et l’entretien de bâtiments industriels, commerciaux ou collectifs. Les 39 salariés de la société travaillent en majorité sur les chantiers, pour le compte d’une clientèle essentiellement girondine, qui se partage entre les marchés privés (70 %) et publics (30 %).
Garantir la confidentialité
Le PDG de SECMA n’a pas les moyens de mettre en branle une usine à gaz. Il recherche un outil pratique, léger et compréhensible par tous. Un premier contact est pris avec l’Aract Aquitaine, qui convainc le patron de tester la méthode GPS. «L’outil nous a intéressés pour plusieurs raisons : rapidité de mise en œuvre, objectivité, garantie de confidentialité pour les salariés qui ont pu trouver ici la possibilité de s’exprimer sans contrainte et sans peur d’être jugés», explique Jean-Yves Ségura, chef de projet chez SECMA.
La direction, épaulée par les représentants du personnel, a réuni l’ensemble des salariés pour présenter l’outil, sa finalité, ses modalités d’administrations et les garanties de confidentialité associées. Et chacun est reparti avec un questionnaire en poche.
70% des salariés ont répondu
Première surprise pour la direction : la rapidité et l’ampleur de l’écho rencontré. «En moins de quinze jours, près de 70 % des collaborateurs avaient répondu», commente le chef de projet. Surprise d’autant plus forte que les effectifs de SECMA se composent en grande partie de conducteurs de travaux, chefs de chantier, ouvriers. Une population souvent issue d’une première génération d’immigration et ne maîtrisant pas toujours les subtilités de la langue française. «C’est sans doute la principale limite de cet outil : la conception du questionnaire, explique Jean-Yves Ségura. Nos salariés de chantiers sont d’origines différentes, ont quitté assez tôt le milieu scolaire et certains ont été rebutés par la complexité des questions». Clause de confidentialité oblige, la direction s’est trouvé dans l’impossibilité d’aider les collaborateurs en difficulté devant la formulation des items – notamment devant certaines tournures négatives. «Certains se sont fait assister par leurs enfants», raconte le chef de projet.
Après la mesure, les mesures
Le questionnaire a permis de pointer quelques potentiels d’amélioration : politique d’intéressement, rôle et importance des délégués du personnel, gestion des compétences et perspectives d’évolution dans l’entreprise, la communication interne. SECMA va de fait lancer un train de mesures concrètes. En dégageant des investissements conséquents : aménagement d’un réfectoire, de sanitaires et douches, achat de mobiles de chantiers comprenant kitchenette, réfectoire, douche, sanitaires, achat de vêtements de travail, renouvellement du parc de fourgons. Mais aussi en engageant des chantiers managériaux inédits pour la PME : signature d’un contrat de prévention avec la Caisse régionale assurance maladie (CRAM) Aquitaine et mise en place d’une formation de l’ensemble le personnel à la prévention des risques professionnels, conception d’un livret d’accueil pour les intérimaires et nouveaux entrants, signature d’un accord d’intéressement des salariés aux résultats, mise en place d’entretiens individuels, recensement des besoins de formation, plan de formation annuel en concertation avec les délégués du personnel, réunions mensuelles d’information avec l’encadrement et avec les délégués du personnel, des briefings bimensuels avec les chefs de chantiers pour faire le point sur le fonctionnement de l’entreprise.…