Génération: La jeunesse mérite une place au soleil.
« Les jeunes, les jeunes, les jeunes » ! Les candidats à l’élection présidentielle fourbissent leurs arguments pour mieux les séduire.
Mais des paroles aux actes, le chemin vers une juste représentation des nouvelles générations semble encore bien long.
Lors des primaires citoyennes qu’il a remporté haut la main, un des thèmes forts de la campagne de François Hollande a été la place qu’il veut rendre à la jeunesse au cœur de notre société. Intention louable, quand on sait que les 13 millions de la génération Y, nés entre 1978 et 1994, se heurtent de plus en plus violemment au plafond de verre qui leur interdit l’accès à l’éducation, au travail, à de justes rémunérations et à un logement décent. À trop vouloir ignorer les revendications des Indignés, certes moins nombreux en France que chez nos voisins, la classe politique risque bien de se griller définitivement auprès de tous ces jeunes électeurs potentiels, en quête d’une vraie morale politique.
Quand les faits contredisent le discours
François Hollande a eu la clairvoyance de poser un diagnostic sur le déficit d’intégration de la nouvelle génération à notre société. Il a même fait quelques propositions fortes : entre autres, leur donner la parole à travers des États généraux de la Jeunesse, initier une politique volontaire de l’Éducation et remettre au goût du jour la solidarité entre générations dans l’entreprise en créant 200 000 « contrats de génération » par an. Toute excellente que semble être cette priorité sur le papier, il existe cependant un hiatus vertigineux entre les prises de position du candidat et la composition de son équipe de campagne… il suffit de passer en revue la Dream Team hollandaise pour se rendre compte qu’au côté des Moscovici, Rebsamen et autres Le Foll, les moins de 30 ans brillent par leur absence, à l’exception notable de Rémi Branco, 27 ans, chargé de… la jeunesse !
Sans vouloir tomber dans un jeunisme échevelé, il paraîtrait logique, quand on affirme vouloir donner toute sa place à la jeunesse dans une démarche trans-générationnelle, que celle-ci soit correctement représentée dans les instances dirigeantes et puisse ainsi être force de proposition (il reste également à cette équipe un gros effort à faire pour atteindre la parité, avec une vingtaine de femmes pour 70 hommes).
Une chose est sure, concernant la place réservée à la jeune génération, « L’exemplarité en politique ne se décrète pas, elle se prouve », comme le déclarait Eva Joly dans un entretien avec Le Monde daté du 18/10/2011.
Prenez garde, v’la la Jeune Garde !
Cette femme de conviction le prouve joliment, elle qui n’a pas hésité à s’entourer d’une bande de « quasi trentenaires » pleins d’enthousiasme. À commencer par Stéphane Sitbon, 24 ans, ex directeur de cabinet de Cécile Duflot, qui occupe désormais le poste de co-directeur de campagne. Elliot Lepers, surdoué de 19 ans, a été bombardé directeur artistique de la candidate d’EELV. Quant au pôle « communication-mobilisation », il est composé de militants, tels Julien Bayou, qui ont fait leurs premières armes de pros de l’agitprop au sein des collectifs Sauvons les Riches ou Jeudi Noir… Consciente de l’apport que leur parfaite maitrise des réseaux sociaux pouvait représenter, l’ex magistrate leur a confié le site internet de sa campagne, evajoly2012.fr qui a été lancé officiellement au Cabaret Sauvage, à Paris, le 18 octobre dernier.
Cette réunion publique intitulée « Vive la République » fut l’occasion de montrer que le mouvement écologiste donne toute sa place à la diversité de la société française d’aujourd’hui. Jeunes et anciens, français de souche comme issus de l’immigration ont participé à des tables rondes thématiques. Les jeunes activistes Augustin Legrand ou Karima Delli côtoyaient Esther Benbassa et Corinne Bouchoux, nouvelles sénatrices issues de la société civile. Les vieux briscards de la politique que sont Noël Mamère et Denis Baupin échangeaient avec les « experts » Philippe Meirieu (éducation) ou Caroline Mecary (droit de la famille). Le tout dans une ambiance bonne enfant, tendance bordélique dont les Verts ont le secret.
Un bon coup d’air frais sur la pratique politique que tous les partis de gauche seraient bien avisés de leur emprunter. Et tous les citoyens qui pensent, comme moi, qu’il est plus que temps de prendre au mot notre tradition des Droits de l’Homme et de faire vivre la promesse d’égalité de notre République.