Et l’hydrogène, quel avenir dans le transport ?
En 1875, Jules Verne, dans « L’île mystérieuse » parle de l’hydrogène comme « le combustible de l’avenir ». Il faut reconnaître que ce gaz réunit beaucoup d’atouts, au point de paraître, aux yeux de certains comme le moyen énergétique idéal.
100% propre ! Bon marché, l’hydrogène est une source d’énergie en quantité illimitée sur terre, répartie équitablement sur toute la planète. C’est la molécule la plus énergétique (2,2 fois le gaz naturel). C’est aussi le plus léger des gaz. Mais son économie bute sur des problèmes technologiques et de production de masse. L’hydrogène n’existe pas dans la nature. Il faut donc le produire soit par électrolyse de l’eau, soit par l’intermédiaire d’algues, soit par le reformatage du gaz naturel. Cela n’est ni simple à faire, ni surtout aisé à stocker et à distribuer en toute sécurité. Son faible pouvoir volumétrique face au gaz naturel ou au méthanol pose un problème de transport. Il a le défaut de ne pas être compact. Avec un kilogramme d’hydrogène on peut effectuer un parcours d’à peu près 100 kilomètres. Mais ce kilogramme occupe un volume de… 11 mètre3 ! Un litre d’essence a le même pouvoir énergétique que… 1 500 litres d’hydrogène à pression ambiante ! Sa fabrication requiert des métaux rares comme le platine. Pour le moment, tout cela coûte cher.
Les détracteurs de la solution hydrogène avancent qu’avec le recours à des centrales thermiques, la production d’hydrogène polluerait autant que si les véhicules continuaient à rouler avec de l’essence. Il faudrait multiplier par deux le parc de centrales nucléaires ou par cinquante les 5000 éoliennes existant sur le territoire.
S’il existe déjà des bus à hydrogène en circulation dans certaines grandes capitales, la production industrielle de voitures utilisant cette énergie n’est pas à l’ordre du jour avant 2015-2020. En l’état actuel des progrès, la filière pile à hydrogène est moins rentable que les filières classique essence ou diesel. Seuls les moteurs hybrides, les piles à méthane ou à méthanol offrent un rendement plus intéressant. A cause de son prix élevé, le prix du générateur à hydrogène embarqué ne permet pas d’envisager dans l’immédiat une production en série de la pile à combustible.
L’agenda du passage à l’hydrogène en Europe
2000-2010 : expérimentation de bus à hydrogène et tests sur les premières voitures.
2010-2020 : production des premiers véhicules à hydrogène en série, premières stations services, production locale.
2020-2030 : première génération de piles à combustible économiques. Production d’hydrogène à partir des énergies renouvelables, comme le solaire.
2030-2040 : généralisation des autos roulant à l’hydrogène, réseau étendu de pipelines.
2040-2050 : les piles dominent dans les transports et les réseaux distribués, production d’hydrogène à partir de nucléaire.
2050- : utilisation de l’hydrogène dans l’aviation, économie sans carbone.
* Ce texte est extrait du livre « Comment se déplacer sans polluer », Collection On se bouge!. Spécifique Editions.