Des fermes verticales en écosystème
Des fermes verticales au sein des villes permettraient de rapprocher la production du consommateur final, et ce dans une optique de développement durable, grâce à l’utilisation d’énergies alternatives.
Cet article est le 1er d’une série sur « le boom des écohabitats du futur »
Face à la croissance de la population mondiale, les besoins en nourriture vont augmenter, et en même temps dans une perspective de développement durable, il est essentiel de réduire les coûts environnementaux de la production agricole, mais aussi des transports de produits agricoles… Le concept de fermes verticales, proposé par Dickson Despommier (verticalfarm.com), professeur à l’université de Columbia, fait son chemin.
Ce dernier propose une méthode alternative de production alimentaire dans des immeubles dédiés à cela. Ce qui permettrait une plus grande proximité entre la production et le consommateur final, avec des cultures dans un environnement contrôlé : contrôle des maladies et parasites simplifié ; moindre utilisation des pesticides et autres herbicides ; meilleure protection des cultures aux variations climatiques brutales (sécheresse, gel, et inondations). Les zones urbaines seraient dotées de ces entres de production alimentaires, ce qui permettrait de limiter les émissions de CO2 liées au transport des produits.
Selon ce spécialiste, l’agriculture urbaine verticale pourrait fournir un approvisionnement alimentaire couvrant 60% des personnes habitant dans les villes en 2030! Et cela à partir d’une culture basée sur des techniques hydroponiques (les plantes poussent dans une solution d’eau et de nutriments) et aéroponiques (les plantes sont vaporisées d’une solution nutritive). Techniques qui utilisent moins d’eau que l’agriculture conventionnelle et offrent de meilleurs rendements (de 5 à 30 fois supérieurs selon les cultures) explique-t-il. Les fermes verticales prévoient surtout le recyclage des eaux utilisées, et permettent d’éviter la pollution des nappes phréatiques, à travers le ruissellement. Elles se doivent d’être autonomes d’un point de vue énergétique grâce au solaire, et à l’éolien ….bref de fonctionner en écosystème.
Dernier en date, le projet de « Skyfarm », une ferme verticale version gratte-ciel, conçu par Gordon Graff, au sein de l’Université de Waterloo au Canada, pour la ville de Toronto ; avec 59 étages il prévoit de subvenir aux besoins de plus de 35 000 personnes. Premier challenge à relever, la fourniture de lumière aux dites cultures, alors que la ferme verticale doit être autonome. Pour ce faire, ce bâtiment serait équipé de sa propre usine de bio-gaz capable de produire du méthane à partir de ses déchets afin de générer sa propre électricité. Si cela ne suffit pas, le projet prévoit de faire appel aux ordures des quartiers environnants. Pour ce qui est de l’eau, après être filtrées par un procédé biologique les eaux grises et noires seraient réutilisées dans la ferme verticale pour les cultures.
En attendant Toronto, la première ferme verticale pourrait voir le jour aux Emirats Arabes Unis (où la nature est peu propice à la culture maraichère), à moins que cela soit à New-York où le projet a retenu l’attention du président du conseil de Manhattan. Dickson Despommier estime le coût d’un prototype à 20 ou30 millions de dollars, pour une ferme de 5 étages.
Mais au-delà de cela , il faut prendre en compte des « bénéfices sociaux », puisque bâtie autour du concept de développement durable, en servant de modèle , la ferme verticale pourrait devenir une sorte de « centre d’apprentissage » pour des générations de citoyens urbains futurs, « leur montrant le fonctionnement d’ un écosystème dans un partage de ressources énergétiques limitées ».
De plus, les fermes verticales pourraient aussi voir le jour au sein de bâtiments qui ont une autre finalité comme des écoles, restaurants, hôpitaux,ou immeubles d’habitation. Sans oublier qu’elles participeraient à rendre la ville plus plaisante à vivre, avec la concentration de plantes susceptibles d’absorber le dioxyde de carbone et de fournir un peu plus d’oxygène.
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