Selon Gérard Berry, nous ne sommes qu’au début de la révolution numérique
« La prochaine décennie va connaître une accélération fulgurante de la numérisation des objets dans tous les domaines » affirme le chercheur Gérard Berry.
Nous ne sommes qu’au début de la révolution numérique dans la vie courante.
De fait, l’informatique est désormais partout, dans les objets, dans les maisons, dans les voitures, dans la ville. Le réseau internet change tout !
C’est ce que soutient Gérard Berry, chercheur en informatique, membre de l’académie des sciences et directeur scientifique d’Estérel technologies. *. Mais précise-t-il aussitôt, cela ne s’accompagne pas d’une évolution parallèle des connaissances de base sur le sujet.
Pour lui, la révolution numérique dans laquelle nous entrons exige de posséder une vision globale de la numérisation des objets et de dégager les principes qui rendent ce monde moins mystérieux. Le constat est là : « nous avons une forte incompréhension de l’informatique, affirme-t-il.
Personne ne sait ce qui se passe dans la mutation en cours.
Le temps est venu d’enseigner la science du numérique. Les professionnels utilisent des logiciels sans comprendre ce qu’ils font. Techniquement, ils connaissent les détails, mais ils ne sont pas équipés mentalement pour comprendre les principes ».
A la différence d’une organisation humaine qui sait se corriger, la machine ne connaît aucun processus d’auto-correction. Sur des masses critiques colossales, la moindre erreur est désastreuse. La rigueur scientifique appuyée par une compréhension des fondements de cette numérisation permettrait ainsi d’éviter bien des dégâts, en particulier l’incapacité à maîtriser les phénomènes des bugs.
« Etrangement, les bogues informatiques sont beaucoup trop facilement tolérés par les usagers, qu’il s’agisse des blocages de réseaux de transports, attaques sur Internet… ». C’est un bug absurde d’un programme qui ne servait à rien qui a fait sauter la fusée Ariane, il y a quelques années. Toutes ces catastrophes sont dues à des ingénieurs pressés. Une erreur coûte très cher et finalement fait perdre un temps considérable à l’innovation.
Pour Berry, les hackers ne sont pas des génies informatiques, ils ont simplement compris les défaillances des systèmes résultant d’un défaut de conception.
Le futur, c’est de résoudre ces blocages. L’impératif, c’est de fabriquer des produits bien faits. Aussi est-il, à son avis, nécessaire de s’orienter vers la certification mathématique des objets.
Son objectif : contribuer à construire le schéma mental approprié à la connaissance du monde numérique. « Personne n’explique ce qu’est le monde numérique, ses principes, son évolution. On nous explique les détails mais pas le schéma. D’où la nécessité, par exemple, d’enseigner l’informatique en primaire et en secondaire.
« Il faut réduire la fracture générationnelle. Parce que nos enfants ne penseront pas comme nous, il est important que les décideurs qui sont tous de la génération précédente, possèdent une vision globale du monde numérique et développent un « bon sens informatique »
* Auteur de « Pourquoi et comment le monde devient numérique. Editions Leçon inaugurale du Collège de France