par Pierre Le Roy, ancien élève de l’ENA et haut fonctionnaire est spécialiste des questions agricoles.
Auteur de « L’histoire de l’agriculture française, de 1867 à nos jours » (SAF-agr’iDées. 2016) il a crée l’indice du bonheur mondial (globeco.fr).

A l’heure où il est de « bon ton » de broyer du noir et d’épouser les thèses du déclinisme ou/et du « chamboule tout », l’analyse stricte des indicateurs permet de relativiser nos petits malheurs quotidiens et même de chausser des lunettes roses quant à l’évolution de la planète. Mais si…Le monde va mieux. En atteste l’indicateur du bonheur mondial que j’établis depuis 2000 en me basant sur plusieurs domaines : la paix et la sécurité ; la liberté, la démocratie et les droits de la personne humaine ; la qualité de la vie ; l’intelligence et la culture.

Certes, les mauvaises nouvelles existent, mais les bonnes nouvelles sont beaucoup plus nombreuses, lorsqu’on compare la réalité actuelle à l’an 2000. La synthèse de ces évolutions permet d’estimer que le bonheur mondial a progressé de 21 % depuis l’an 2000. Cela ne signifie pas que les gens sont plus heureux dans le monde, mais qu’il est plus facile d’être heureux aujourd’hui qu’en 2000, grâce à l’amélioration des conditions facilitant le bonheur individuel.

Les mauvaises nouvelles (période 2000 – 2015)

  • personnes réfugiées et déplacées : 65 millions contre 30 millions
  • « casques bleus » de l’ONU : 163 000 contre 124 000
  • exécutions capitales : en augmentation et la Chine refuse désormais de publier ses statistiques dans ce domaine
  • sécurité économique et financière mesurée par le risque-pays de la COFACE : baisse de 15 %
  • taux de CO 2 dans l’atmosphère : il a franchi la barre des 400 ppm contre 367 en 2000
  • surface forestière par habitant : a diminué de 10 %
  • liberté de la presse : le nombre de pays où la presse est libre  a diminué de 10 %
  • inégalités internes de revenus (au sein d’un même pays) : en légère augmentation Les inégalités sont calculées selon le coefficient de Gini (du nom du statisticien italien) qui mesure la dispersion d’une distribution dans une population donnée)

Les principales bonnes nouvelles, bien plus nombreuses  (2015/2000):

  • PIB mondial par tête, mesuré selon la méthode de la parité du pouvoir d’achat (PPA) : a doublé passant de 7500 à 15 000 dollars
  • ogives nucléaires opérationnelles : leur nombre a chuté de 15 000 à 4000
  • dépenses militaires : en baisse de 2,6 à 2,3 % du PIB mondial
  • catastrophes naturelles : beaucoup moins meurtrières depuis 2010
  • niveau moyen de liberté : en progrès de 15 %
  • femmes parlementaires : en progression, sont passées de 14 à 23 %  du nombre total des élus.
  • taux de scolarisation des filles dans le primaire et le secondaire : en progrès, de 75 à 89 %
  • fracture mondiale entre pays riches et pays pauvres : s’est réduite dans le domaine de l’éducation
  • espérance de vie à la naissance : est passée de 66 à 71 ans et la fracture mondiale a diminué dans ce domaine
  • taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans : en forte baisse de 73 à 43 pour 1000 naissances vivantes
  • morts violentes : en net repli  sont passées de 757 par million d’habitants à 673 et le nombre de suicides de 123 à 107
  • accès à l’eau et à des sanitaires de qualité : en progrès de 68 à 79 %  de la population mondiale.
  • taux de particules très fines dans l’atmosphère : en repli de 37 à 32 ppm
  • films de long métrage produits annuellement : en vive hausse de 3782 à 7479
  • internet : le nombre d’internautes est passé de 11 à 44 % de la population mondiale.

Cette édition est également l’occasion de saluer le fait que l’ONU, suite à une décision de  son assemblée générale, publie tous les ans, depuis 2012, un « Rapport mondial sur le bonheur ». Concernant ce rapport, je suis étonné qu’il mélange des critères objectifs, comme le PIB par tête et l’espérance de vie à la naissance, et des critères subjectifs, fondés sur des sondages. Pour ma part, je n’utilise que des critères objectifs. Enfin, je constate que je suis toujours le seul à publier un indice du bonheur mondial, puisque le rapport de l’ONU ne contient qu’un classement par pays.

« Bonheur mondial, édition 2017 », de même que les éditions précédentes, est disponible sur www.globeco.fr